LES ÉGLISES
Histoire de la paroisse Saint-Augustin
Le « plan scénographique » de Lyon dressé vers 1550 montre la Croix-Rousse comme un faubourg à l’extérieur des fortifications de la ville. Ce qui deviendra la Grande rue est bordée de champs. Plus au nord, une croix est dessinée au carrefour, là où la rue se divise pour gagner Neuville ou rejoindre le Rhône. On peut lire « La Croix Rousse ». On y voit quelques maisons dont plusieurs abritaient des échoppes, relais, auberges, commerces et artisanat, pour les voyageurs qui arrivaient à Lyon et ne pouvaient y entrer de nuit.
Du point de vue ecclésial, ce faubourg relève de plusieurs paroisses : St Vincent et Notre-Dame de la Platière, à l’intérieur des remparts, au pied de la « Colline saint Sébastien » les Pentes, comme on dit aujourd’hui et Cuire.
Les Augustins Déchaussés (ou réformés), ordre auquel appartenait Luther, décidèrent de s’installer dans la région lyonnaise et bâtir un couvent à partir de 1624. Leur église est, après de nombreux agrandissements et restaurations, l’actuelle église Saint Denis. L’archevêque, Denis de Marquemont, écrit en 1628 : « Ayant reconnu que les habitants du lieu de la Croix-Rousse étaient dénués de secours spirituels en raison de ce que se trouvant éloignés de leurs paroisses qui sont enfermées dans la ville […] établis les Augustins au susdit lieu et, afin de les maintenir, fais dédier l’église au glorieux Saint Denis, apôtre de France. »
Le faubourg devient la commune de La Croix-Rousse à la fin du XVIIIe, délimitée par les remparts au sud, le Rhône à l’est, la Saône à l’ouest, la commune de Caluire et Cuire au Nord. La prohibition des vœux religieux (1790) retire l’église aux Augustins, qui est appelée, de 1791 à 1803, Saint Augustin et devient église paroissiale. La promulgation du concordat le 18 germinal an X (8 avril 1802) entraîna la réorganisation des paroisses. Les limites communales correspondent alors à celles de la paroisse.
L’exode rural et l’extension de l’industrie soyeuse, dans la première moitié du XIXème siècle, eurent pour conséquence l’accroissement de la population. Elle compte 4 530 habitants en 1806, 16 500 en 1836, 33 000 en 1856 . On passe de 2 000 métiers à tisser en 1806 à 13 000 en 1836. En 1827 est fondée par les canuts la première association mutualiste. Claude-François Nicod, curé de 1830 à 1853, principal artisan de l’agrandissement de l’église Saint Denis (la nef centrale actuelle correspond à l’ancienne église des Augustins), accompagne ces bouleversements sociaux. « En 1831, il donna officiellement la sépulture à deux canuts morts pendant l’émeute. »
En 1852, la commune de la Croix-Rousse est rattachée à Lyon, les remparts sont détruits (actuel boulevard). L’arrondissement compte quatre paroisses : St Denis, St Charles de Serin (1824), St Eucher (1840) et St Augustin (1851). A cette même époque des paroisses sont érigées dans le premier arrondissement : St Bruno (1828, qui prend pour église celle de la Chartreuse, construite de 1590 à 1690) ; le Bon Pasteur (1856 dont l’église actuelle date de 1870) ; Saint Bernard (1853, église de 1866) et Saint Polycarpe (1791, église des Oratoriens, 1655, le chœur est agrandi entre 1826 et 1836).
« Au nom du peuple français, le Président de la République, sur le rapport du ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, vu les propositions des évêques et préfets, érige la Paroisse Saint Augustin, quartier des Tapis, commune de la Croix-Rousse ». C’est le 13 avril 1851 « dimanche des rameaux » qu’est inaugurée l’église Saint Augustin. L’abbé Callot, missionnaire des Chartreux, est administrateur jusqu’à ce que soit nommé le premier curé, Claude Parrel (+1880). (On conserve à la sacristie, un portrait de M. Parrel (1868) par Jean-Louis Lacuria, portraitiste lyonnais). C’est Cabias qui est maire de la Croix-Rousse. Cette première église (photo ci-dessus) était située à l’angle des rue Denfert-Rochereau et V. Couturier.
1881— 1883 : Achat du terrain
Situé entre les rues Jacquard, d’Enfer et rue de l’Enfance (aujourd’hui rue H.Gorjus), c’est sur ce terrain que sera construite l’église actuelle et un patronage de garçons. A cette époque la paroisse était renommée pour ses représentations des mystères de Noël avec la participation des paroissiens qui devenaient acteurs, costumiers, machinistes. Les recettes étaient distribuées aux nécessiteux du quartier.
1910 — 1912 : Construction de l’église actuelle
Dimanche 28 août 1910 : bénédiction de la première pierre. (Cf. inscription dans le chœur) 15 août 1912 : bénédiction des 4 cloches (qui portent le nom de leurs marraines) Élisabeth, Michelle, Isabelle et Amélie. Dimanche 1er septembre 1912 : consécration de la nouvelle église par Mgr Déchelette. L’église fut construite aux frais des paroissiens et demeure aujourd’hui encore à leur charge.
L’architecte, Augustin Chomel, écrit :
« L’église saint Augustin affecte la forme des basiliques siciliennes qui ont emprunté leur plan aux abbayes bénédictines de Normandie, leur élévation aux basiliques romanes et leurs décorations aux procédés byzantins. En adoptant ce style, l’architecte s’est proposé un double but : d’abord celui de construire économiquement, et, ensuite, de rappeler, par la forme basilicale, la primitive Eglise dont Saint Augustin fut le grand docteur. »
Les colonnes sont monolithes. On a utilisé des matériaux peu coûteux, en particulier le béton de scories de mâchefer, malaxé à la chaux lourde.
Le tympan de la porte, réalisé par le peintre J. Schutz, représente le Christ visitant un atelier de canuts. La fresque de l’abside, qui imite la mosaïque, est due au peintre Répelin. On y voit le Christ en majesté accompagné de St-Augustin et de Ste-Monique (sa mère).
La réforme liturgique suite au Concile Vatican II (1962-1965) impose un réaménagement du chœur. Il s’est fait par étape. Le baldaquin et l’autel majeurs sont démolis, ce qui modifie grandement l’équilibre du chœur (ci-dessus, disposition originale). Un avant-chœur est construit. Cela permet de supprimer la séparation entre les bancs du chœur et ceux de la nef. Selon la disposition conciliaire un ambon est installé, pupitre pour les lectures, table de la Parole de Dieu à côté de la table de l’eucharistie, l’autel. Ce nouvel autel a été consacré le 17 mai 2007, solennité de l’Ascension par Mgr Brac de la Perrière.
Les grandes Orgues, installées sur la tribune ont été entièrement reconstruites, par la manufacture Henry Saby (Drôme), en 1977, elles ont été inaugurées le 24 novembre 1977. La transmission est mécanique. Composées de 80 tuyaux, elles comportent :
- un grand orgue de 9 jeux,
- un positif de dos de 6 jeux,
- une pédale de 4 jeux ,
- une console, en fenêtre avec deux claviers manuels de 56 notes et un pédalier de 32 touches.
La colonne du cierge pascal provient des fouilles de l’ancienne basilique de St Augustin à Hippone, aujourd’hui Annaba, en Algérie. (Cf. historique près de la colonne.)
Le long des nefs latérales 14 tableaux, comme un chemin de croix, réalisés, par le peintre et paroissien Lucien Marduel, représentent le chemin des femmes dans l’histoire du Christ.
Dans la chapelle du Saint Sacrement, un tableau de P.-L. CRETEY, Saint Augustin et l’enfant au coquillage de 1684 (ci-contre). D’origine lyonnaise, Crétey a passé par mal de temps à Rome et revient dans la région peu après 1680. Il a peint en outre les deux immenses toiles que l’on peut voir dans le réfectoire du Palais St Pierre (musée des Beaux-arts).